Source : Le Catéchisme de Heidelberg.
CATÉCHISME DE HEIDELBERG,
Par demandes et par réponses.
SECTION 1.
1. D. Quelle est votre unique consolation, tant dans la vie que dans la mort?
R. C'est que, tant de corps que d'âme1, soit dans la vie, soit dans la mort2, j'appartiens,
non pas à moi-même,3 mais à Jésus-Christ, mon fidèle Sauveur4, qui a
satisfait parfaitement pour tous mes péchés par son sang précieux5, qui
m'a délivré de toute la puissance du diable6, et qui me garde tellement7,
qu'il ne peut pas tomber seulement un cheveu de ma tête sans la volonté
de mon Père céleste8, et que même toutes choses doivent servir à mon
salut9; à cause de quoi aussi il m'assure de la vie éternelle par son
Saint-Esprit10, et me forme à vivre désormais pour lui de coeur et
d'affection11.
(1) 1Co 6.20 (2) Ro 14.8 (3) 1Co 6.19 (4) 1Co 6.22 (5) 1Co 3.20 ; 1Jn 1.7 ; 1Pi 1.18 (6) Hb 2.14 (7) Jn 6.39 ; Jn 10.18 (8) Mt 10.30 (9) Rm 8.27 (10) Rm 8.16,17 (11)) Ps 110.3
2. D. Combien de choses devez-vous savoir afin de vivre et de mourir heureusement avec cette consolation?
R.
Trois: Premièrement combien sont grands mes péchés et ma misère; et en
second lieu, par quel moyen j'en puis être délivré; et enfin, quelle
reconnaissance je dois à Dieu pour cette délivrance.
Rm 7.24,25 ; Mt 11.28,29,30 ; Ps 50.15 ; Rm 3.20 ; Rm 7.7
PREMIÈRE PARTIE : DE LA MISÈRE DE L'HOMME
SECTION 2.
3. D. Par quel moyen connaissez-vous votre misère?
R. Par la Loi de Dieu.
4. Qu'est-ce donc que la Loi de Dieu demande de nous?
R. Jésus-Christ nous l'apprend dans le sommaire qu'il nous en donne au chapitre 22 de Matthieu, versets 38, 39, 40, disant: Tu
aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de
toute ta pensée, et de toutes tes forces, c'est là le premier et le plus
grand commandement; et le second, qui lui est semblable, est: Tu
aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent
toute la Loi et les Prophètes.
Dt 6.5 ; Dt 10.12 ; Lv 19.18
5. D. Pouvez-vous observer parfaitement toutes ces choses?
R. Non1, car je suis naturellement enclin à haïr Dieu2 et mon prochain3.
(1) Rm 3.12 (2) Rm 8.7 (3) Ga 5.19
Première partie: DE LA MISÈRE DE L'HOMME
SECTION 3.
6. D. Dieu a-t-il donc créé l'homme si méchant et si pervers?
R.
Pas du tout, au contraire, il l'a créé bon<sup>1</sup> et à son image<sup>2</sup>,
c'est-à-dire, véritablement juste et saint<sup>3</sup>; afin qu'il eût une droite
connaissance de Dieu, son Créateur, qu'il l'aimât de tout son coeur, et
qu'il vécut avec lui dans un bonheur éternel, et cela pour le louer et
le glorifier<sup>4</sup>.
(1) Gn 1.31 (2) Gn 1.27 (3) Ep 4.24 (4) Pr 16.4
7. D. D'où vient donc cette corruption naturelle de l'homme?
R.
Elle vient de la chute et de la désobéissance de nos premiers parents
Adam et Ève, arrivée dans le paradis terrestre<sup>1</sup>; par où notre nature a
été tellement infectée, que nous sommes tous conçus et naissons tous
dans le péché<sup>2</sup>.
(1) Rm 5.12 ; 1Tm 2.14 (2) Gn 5.3 ; Ps 51.5 ; Jb 14.4
8. D. Mais sommes-nous tellement corrompus, que nous soyons absolument incapable de faire aucun bien, et enclin à tout mal?
R. Oui<sup>1</sup>, à moins que nous ne soyons régénérés par l'Esprit de Dieu<sup>2</sup>.
(1) Rm 7.18 ; Jn 3.6 ; 2Co 3.5 (2) Jn 5.5
SECTION 4.
9. D. Dieu ne fait-il donc pas de tort à l'homme en lui demandant dans sa Loi des choses qu'il ne peut pas faire?
R.
Non<sup>1</sup>, car Dieu avait créé l'homme dans un tel état où il était capable de faire<sup>2</sup>, mais c'est l'homme qui, à l'instigation du diable<sup>3</sup> et par sa
désobéissance volontaire, s'est privé avec toute sa postérité de ces
dons qu'il avait reçu de Dieu<sup>4</sup>.
(1) Rm 1.32 (2) Ec 7.29 (3) 2Co 1.3 ; Gn 3.4 (4) Rm 5.19
10. D. Dieu veut-il laisser cette désobéissance et cette révolte impunies?
R.
Nullement, au contraire, il a de l'indignation et de l'horreur pour nos
péchés, tant ceux<sup>1</sup> dans lesquels nous sommes nés<sup>2</sup>, que ceux que nous
commettons chaque jour<sup>3</sup>. Et, par un effet de son juste jugement, il veut
les punir de peines temporelles et éternelles, comme il l'a déclaré
lui-même disant: Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites au livre de la Loi pour les faire<sup>4</sup>.
(1) Ps 5.6 ; Ps 76.7 (2) Ep 2.3 ; Ps 51.5 (3) Rm 1.18 (4) Gl 5.10 ; Dt 27.26
11. D. Mais Dieu n'est-il pas miséricordieux?
R.
Oui, sans doute, Dieu est miséricordieux<sup>1</sup>, mais il est aussi juste, c'est
pourquoi sa justice demande que le péché qui a été commis contre sa
Majesté infinie, soit aussi puni d'une peine infinie, c'est-à-dire de
supplices éternels, que l'homme doit souffrir dans son corps et dans son
âme<sup>2</sup>.
(1) Ex 54.6 (2) 2Th 1.7,8
Deuxième partie: DE LA DÉLIVRANCE DE L'HOMME
SECTION 5.
12.
D. Donc puisque, selon le juste jugement de Dieu, nous avons mérité des
peines temporelles et éternelles, y a-t-il quelque moyen par lequel
nous puissions les éviter et rentrer en grâce avec Dieu?
R.
Dieu veut qu'on satisfasse à sa justice<sup>1</sup>, ainsi il faut nécessairement
lui donner une pleine satisfaction, soit par nous-mêmes, soit par un
autre<sup>2</sup>.
(1) Ga 5.10 (2) Rm 8.3,4
13. D. Mais pouvons-nous satisfaire par nous-mêmes?
R. Nullement<sup>1</sup>, nous nous rendons au contraire tous les jours plus coupables.
(1) Jb 9.2,3 ; Rm 2.3
14. D. Pourrait-on trouver quelque part une simple créature qui soit capable de satisfaire pour nous?
R.
Aucune, car premièrement Dieu ne veut punir aucune autre créature pour
le péché dont l'homme est coupable<sup>1</sup>, et d'ailleurs, une simple créature
ne peut pas soutenir le poids de la colère de Dieu contre le péché<sup>2</sup>, ni
en délivrer les autres.
(1) Gn 2.17 (2) Ps 130.3
15. D. Quel est donc le Médiateur et le Libérateur qu'il faut chercher?
R.
Il nous en faut un qui soit véritablement homme<sup>1</sup>, parfaitement juste<sup>2</sup>,
et qui néanmoins soit plus puissant que toutes les créatures,
c'est-à-dire qui soit aussi véritablement Dieu<sup>3</sup>.
(1) Hb 2.17 (2) Hb 7.26 (3) Os .1.7 ; Es 7.14 ; Es 9.5 ; Jr 23
*******************
SECTION 6.
16. D. Pourquoi faut-il, qu'il soit véritablement homme et parfaitement juste?
R.
Parce que la justice de Dieu demande, que la même nature humaine, qui a
péché, satisfasse aussi pour le péché. Et parce qu'un homme, qui serait
lui-même pécheur, ne pourrait pas satisfaire pour les autres.
17. D. Et pourquoi faut-il qu'il soit aussi vrai Dieu?
R.
Afin que par la force de sa Divinité il puisse soutenir le poids de la
colère de Dieu en sa nature humaine, et par là nous acquérir et nous
rendre la justice et la vie, que nous avions perdues.
18. D. Qui est donc ce Médiateur qui est tout ensemble vrai Dieu, vrai homme et parfaitement juste?
R. C'est notre Seigneur Jésus-Christ; qui nous a été donné pour notre parfaite Rédemption, et pour être notre justice.
19. D. D'où savez-vous cela?
R.
Du St. Évangile, que Dieu lui-même a premièrement révélé dans le
Paradis terrestre; et l'a ensuite fait annoncer par les Patriarches et
par les Prophètes; puis il l'a représenté par les Sacrifices et par les
autres Cérémonies de la Loi; et enfin il l'a accompli par son fils
unique.
SECTION 7.
20. D. Tous ceux donc, qui étaient péris en Adam, sont-ils sauvés par Jésus-Christ?
R.
Non; mais ceux-là seulement, qui par une véritable foi sont étroitement
unis à Jésus-Christ, et embrassent tous ses bienfaits.
21. D. Qu'est-ce qu'une véritable foi?
R.
La véritable foi est non seulement une connaissance certaine, et une
pleine persuasion de la vérité de tout ce que Dieu nous a révélé dans sa
parole; mais aussi une ferme confiance que le St. Esprit produit dans
mon coeur par l'Évangile; que Dieu accorde non seulement aux autres mais
aussi à moi, le pardon des péchés, la justice et la vie éternelle, et
cela de pure grâce, par un effet de sa miséricorde; et seulement en
considération du mérite de Jésus-Christ.
22. D. Qu'est-ce donc, qu'un vrai Chrétien doit nécessairement croire?
R.
Tout ce qui nous est promis dans l'Évangile; dont nous avons un abrégé
dans le Symbole des Apôtres, qui contient en peu de mots les Articles de
la Foi universelle et constante de tous les Chrétiens.
23. D. Quel est-ce Symbole?
R. I. Je crois 1. en Dieu le Père Tout-Puissant, Créateur du Ciel et de la Terre.
II. Je crois 2. en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur. 3. Qui a été conçu du St. Esprit, est né de la Vierge Marie. 4. A souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, mort, et enseveli, est descendu aux Enfers. 5. Est ressuscité des morts le troisième jour. 6. Est monté au Ciel, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant: 7. D'où il viendra pour juger les vivants et les morts.
III. Je crois 8. au St. Esprit. 9. Je crois la Sainte Église universelle, la Communion des Saints. 10. Le pardon des péchés. 11. La résurrection de la chair. 12. Et la vie éternelle. Amen.
SECTION 8.
24. D. En combien de parties divise-t-on ce Symbole?
R.
En trois parties. La première traite de Dieu le Père et de notre
Création: La seconde de Dieu le Fils, et de notre Rédemption: La
troisième de Dieu le St. Esprit, et de notre Sanctification.
25. D. Puisqu'il n'y a qu'une seule Essence Divine, pourquoi nommez-vous trois Personnes, le Père, le Fils, et le St. Esprit?
R.
Parce que de la manière que Dieu s'est révélé dans sa parole, ces trois
personnes distinctes sont le seul Dieu véritable et Éternel.
DE DIEU LE PERE
SECTION 9.
26. D. Que croyez-vous, quand vous dites: Je crois en Dieu le Père tout-puissant, Créateur du Ciel et de la Terre?
R.
Je crois que le Père éternel de notre Seigneur Jésus-Christ, qui a créé
de rien le Ciel et la Terre, avec tout ce qui y est, et qui les
soutient et les gouverne encore, par son conseil éternel, et par sa
providence; est aussi mon Dieu et mon Père pour l'amour de Jésus-Christ:
Et je me repose sur lui avec tant de confiance, que je ne doute pas,
qu'il ne me pourvoie de tout ce qui m'est nécessaire pour le corps et
pour l'âme, et que même il ne fasse réussir à mon Salut les maux qui
m'arrivent par sa permission, dans cette vallée de misères; Car il peut
le faire comme un Dieu tout-puissant, et il le veut aussi comme un Père
plein de Bonté.
SECTION 10.
27. D. Qu'est-ce que la Providence de Dieu?
R.
C'est la Vertu de Dieu toute-puissance, et présente en tout lieu, par
laquelle il soutient encore et conduit, comme par la main, le Ciel et la
Terre, et généralement toutes les Créatures; de sorte que les herbes et
les plantes, la pluie, et la sécheresse, la fertilité et la stérilité,
la santé et les maladies, les richesses et la pauvreté; en un mot, tout
ce qui arrive dans le monde, ne se fait point au hasard, mais nous est
dispensé par sa main paternelle.
28. D. A quoi nous sert cette connaissance de la Création et de la Providence de Dieu?
R.
Elle nous apprend à être patients dans l'adversité, et reconnaissants
dans la prospérité, et à mettre pour l'avenir notre confiance en la
bonté de Dieu notre Père, persuadés, qu'aucune Créature ne nous séparera
de son amour, puisqu'il les tient toutes tellement en sa main, qu'elles
ne peuvent pas même se mouvoir, ni se remuer sans sa volonté.
DE DIEU LE FILS
SECTION 11.
29. D. Pourquoi le Fils de Dieu est-il appelé Jésus, c'est-à-dire, Sauveur?
R. Parce qu'il nous sauve de tous nos péchés; et qu'on ne doit chercher, et qu'on ne peut trouver de Salut, en aucun autre.
30.
D. Ceux donc qui cherchent leur Salut et leur félicité dans les Saints,
en eux-mêmes ou ailleurs, croient-ils en ce seul Sauveur Jésus-Christ?
R.
Non: Car quoi qu'ils se vantent de l'avoir pour Sauveur, cependant ils
le renient en effet, ne le reconnaissant point pour le seul Sauveur: Car
il faut, ou que Jésus-Christ ne soit point un parfait Sauveur, ou que
ceux qui l'embrassent comme tel, par une véritable foi, trouvent en lui
tout, ce qui est nécessaire pour leur Salut.
SECTION 12.
31. D. Pourquoi est-il appelé Christ, c'est-à-dire, Oint?
R.
Parce que Dieu le Père l'a établi, et l'a oint du Saint Esprit, pour
être notre Souverain Prophète et Docteur, qui nous a pleinement
manifesté le Conseil secret, et toute la volonté du Père, touchant notre
rédemption. Et pour être notre Souverain Sacrificateur, qui par
l'unique Sacrifice de son corps, nous a rachetés, et qui intercède
encore continuellement pour nous auprès de Dieu son Père; Enfin, pour
être notre Roi éternel, qui nous gouverne par sa Parole, et par son
Esprit, et qui nous maintient et conserve le Salut qu'il nous a acquis.
32. Et vous, pourquoi vous appelez-vous Chrétien?
R.
Parce que par la foi je suis membre de Jésus-Christ, et ainsi
participant de son onction, pour confesser aussi son nom, pour m'offrir à
lui en sacrifice vivant de reconnaissance, pour combattre pendant cette
vie avec une libre et bonne conscience, contre le péché et le Diable,
et pour régner enfin éternellement avec Jésus-Christ sur toutes les
Créatures.
SECTION 13.
33. D. Pourquoi Jésus-Christ est-il appelé le Fils unique de Dieu, puisque nous sommes aussi enfants de Dieu?
R.
C'est, parce qu'il n'y a que Jésus-Christ, qui soit Fils de Dieu par sa
nature et éternel; au lieu que nous ne sommes enfants de Dieu, qu'à
cause de lui, par grâce et par adoption.
34. D. Pourquoi l'appelez-vous notre Seigneur?
R.
Parce qu'il a racheté nos corps et nos âmes, et nous a délivrés du
péché, et de tout le pouvoir du Diable, non point par or, ou par argent,
mais par son sang précieux; et qu'ainsi il nous a acquis pour lui
appartenir en propre.
SECTION 14.
35. D. Que Croyez-vous, quand vous dites: Il a été conçu du Saint Esprit, et il est né de la Vierge Marie?
R.
Que le propre Fils de Dieu, qui est vrai Dieu éternel, et qui demeure
tel, a pris une vraie nature humaine, de la chair et du sang de la
Vierge Marie, par l'opération du Saint Esprit, afin qu'il fût la vraie
postérité de David; et semblable à ses frères, en toutes choses, excepté
le péché.
36. D. Quel avantage retirons-nous de la sainte conception, et de la sainte naissance de Jésus-Christ?
R.
Qu'il est notre Médiateur; et que par son innocence et sa parfaite
Sainteté, il couvre mes péchés, dans lesquels j'ai été conçu, afin
qu'ils ne paraissent point devant Dieu.
SECTION 15.
37. D. Que croyez-vous, quand vous dites: Il a souffert?
R.
Que pendant tout le temps, qu'il a vécu sur la terre; mais
particulièrement sur la fin de sa vie, il a porté en son corps, et en
son âme, le poids de la colère de Dieu contre les péchés de tout le
genre humain; afin que par ses souffrances, comme par l'unique sacrifice
expiatoire, capable d'apaiser la colère de Dieu, il délivrât nos corps
et nos âmes de la damnation éternelle; et nous acquit la grâce de Dieu,
la justice, et la vie éternelle.
38. D. Pourquoi a-t-il souffert sous le Juge Ponce Pilate?
R.
Afin que lui, qui était innocent, étant condamné par un juge civil;
nous affranchit du sévère jugement de Dieu, que nous ne pouvions point
éviter sans cela.
39. D. Mais y-t-il quelque chose de plus, en ce qu'il a été crucifié, que s'il eût souffert un autre genre de mort?
R.
Oui sans doute: Car par là je suis assuré, qu'il s'est chargé de la
malédiction, à laquelle j'étais assujettis; car la mort de la croix
était maudite de Dieu.
SECTION 16.
40. D. Pourquoi a-t-il fallu, que Jésus-Christ s'abaissât jusqu'à la mort?
R.
Parce qu'à cause de la justice et de la vérité de Dieu, il ne pouvait
se faire de satisfaction pour nos péchés, que par la mort du Fils de
Dieu.
41. D. Pourquoi a-t-il été enseveli?
R. Pour faire voir par là, qu'il était véritablement mort.
42. D. Mais puisque Jésus-Christ est mort pour nous, d'où vient, que nous sommes encore sujets à la mort?
R.
Notre mort n'est pas une satisfaction pour nos péchés; mais un moyen
pour détruire en nous le péché, et un passage à la vie éternelle.
43. D. Quel avantage retirons-nous encore du sacrifice de Jésus-Christ, et de sa mort sur la croix?
R.
Que par sa vertu, notre vieil homme est crucifié avec lui, qu'il meurt,
et qu'il est enseveli avec lui; afin que les mauvaises convoitises de
la chair ne dominent plus en nous, mais que nous nous offrions à Dieu en
sacrifice de reconnaissance.
44. D. Pourquoi est-il ajouté: Il est descendu aux Enfers?
R.
Afin que dans mes tentations les plus rudes, je me soutienne par cette
consolation, que mon Seigneur Jésus-Christ, par les angoisses, les
tourments, et les frayeurs inexprimables, dans lesquelles son mon âme
fut plongée, surtout, lorsqu'il était sur la croix, m'a délivré des
angoisses, et des tourments de l'Enfer.
SECTION 17.
45.D. Quel avantage retirons-nous de la Résurrection de Jésus-Christ?
R.
Premièrement, par sa Résurrection il a vaincu la mort, afin qu'il pût
nous faire participants de la justice qu'il nous avait acquise par sa
mort. De plus, par sa vertu nous ressuscitons dès maintenant, pour mener
une vie nouvelle. Enfin, la Résurrection de Jésus-Christ nous est un
gage assuré de notre glorieuse Résurrection.
SECTION 18.
46.D. Qu'entendez-vous par ces mots: Il est monté au Ciel?
R.
Que Jésus-Christ a été enlevé de la Terre au Ciel, à la vue de ses
Disciples; qu'il y est pour notre bien; et qu'il y sera jusqu'à ce qu'il
en revienne pour juger les vivants et les morts.
47. D. Jésus-Christ n'est-il donc pas avec nous jusqu'à la fin du monde, comme il nous l'a promis?
R.
Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme, et ainsi selon sa nature
humaine, il n'est plus sur la terre; mais selon sa nature Divine, sa
Majesté, sa Grâce, et son Esprit, il ne s'éloigne jamais de nous.
48.
D. Mais ne sépare-t-on pas les deux natures en Jésus-Christ, en disant,
que sa nature humaine n'est pas présente en tout lieu, comme l'est sa
nature Divine?
R. Point du tout: Car puisque sa Divinité
est infinie et présente en tout lieu, il s'ensuit nécessairement, que,
quoi qu'elle soit hors de la nature humaine, qu'elle a prise à soi; elle
ne laisse pas d'être aussi en elle, et de demeurer unie personnellement
avec elle.
49. D. Quel fruit retirons-nous de l'Ascension de Jésus-Christ?
R.
Premièrement, qu'il intercède pour nous au Ciel auprès de son Père. En
second lieu, qu'en sa Personne nous avons notre chair au Ciel, comme un
gage assuré, que lui, qui est notre Chef, nous élèvera à soi, nous qui
sommes ses membres; Et enfin, qu'il nous envoie son Esprit pour un gage
réciproque de son amour, par la Vertu duquel nous cherchons, non point
ce qui est sur la Terre, mais ce qui est au Ciel, où il est lui-même,
assis à la droite de Dieu.
SECTION 19.
50. D. Pourquoi ajoute-t-on, Il est assis à la droite de Dieu le Père Tout-puissant?
R.
Pour marquer, que Jésus-Christ est monté au Ciel, afin que de là, il se
fit connaître pour le Chef de son Église Chrétienne, par lequel le Père
gouverne toutes choses.
51. Quel avantage nous apporte cette gloire de notre Chef Jésus-Christ?
R.
Premièrement, que par son Saint Esprit il répand ses dons célestes sur
nous, qui sommes ses membres; Et ensuite, que par sa puissance il nous
garde, et nous défend contre tous nos ennemis.
52. D. Quelle consolation vous apporte le retour de Jésus-Christ pour juger les vivants et les morts?
R.
Que dans toutes mes misères et mes persécutions, j'attends du Ciel, à
tête levée, pour Juge, celui-là même, qui s'est auparavant présenté pour
moi au Jugement de Dieu, et qui a enlevé de dessus moi toute
malédiction: Et qui doit précipiter tous ses ennemis et les miens, dans
les peines éternelles, mais qui doit me recevoir avec tous les Élus dans
les joies du Ciel, et dans la gloire éternelle.
DE DIEU LE SAINT-ESPRIT
SECTION 20.
53. D. Que croyez-vous du Saint Esprit?
R.
Premièrement, qu'il est le Dieu éternel, conjointement avec le Père, et
le Fils: Secondement, qu'il m'est aussi donné, afin que par une vraie
foi, il me fasse avoir part à Jésus-Christ, et à tous ses bienfaits,
qu'il me console et qu'il demeure éternellement avec moi.
54. D. Que croyez-vous de la Sainte Église Chrétienne universelle?
R.
Je crois, que le Fils de Dieu s'étant choisi de tout le Genre humain
une Église, qu'il destine à la vie éternelle, il l'assemble dès le
commencement du monde jusqu'à la fin, il la défend et il l'entretient
par son Esprit et par sa Parole, dans l'unité de la véritable foi; et
que j'en suis un membre vivant, et le serai éternellement.
55. D. Qu'entendez-vous par la Communion des Saints?
R.
Premièrement, que tous les fidèles en général et chacun d'eux en
particulier, en qualité de membres de Jésus-Christ, ont communion avec
lui, et ont part à toutes ses richesses et à ses dons: Secondement, que
chaque fidèle doit savoir, qu'il est obligé d'employer de bon coeur, et
avec joie, les dons qu'il a reçus, à l'utilité, et au Salut des autres
membres.
56. D. Que croyez-vous du pardon des péchés?
R.
Je crois, que Dieu, à cause de la satisfaction de Jésus-Christ, ne veut
plus se souvenir de mes péchés, ni même de ma corruption naturelle,
contre laquelle j'ai à combattre pendant toute ma vie, mais qu'il me
donne gratuitement la justice de Jésus-Christ; afin que je ne vienne
jamais en jugement devant Dieu.
SECTION 22.
57. D. Quelle consolation retirez-vous de l'Article de la Résurrection de la chair?
R.
Que non seulement mon âme, dès qu'elle sera séparée de mon corps, sera
d'abord élevée à Jésus-Christ son Chef; mais que ma chair aussi étant
ressuscitée par la puissance de Jésus-Christ, sera joint à mon âme, et
rendue conforme au corps glorieux de Jésus-Christ.
58. D. Quelle consolation retirez-vous de l'Article de la vie éternelle?
R.
Que comme dès à présent je sens dans mon coeur un commencement de la
joie éternelle; de même après cette vie je possèderai cette parfaite
félicité; que l'oeil n'a point vue, que l'oreille n'a point ouïe, et qui
n'est point montée au coeur de l'homme, et cela pour y louer Dieu
éternellement.
SECTION 23.
59. D. Mais quel avantage vous revient-il de croire toutes ces choses?
R. C'est qu'en les croyant, je suis justifié devant Dieu en Jésus-Christ; et héritier de la vie éternelle.
60. D. Comment êtes-vous justifié devant Dieu?
R.
C'est seulement par une véritable foi en Jésus-Christ: Tellement,
qu'encore que ma conscience m'accuse, d'avoir grièvement péché contre
tous les commandements de Dieu, de n'en avoir accompli aucun, et d'être
encore continuellement enclin à tout mal: cependant Dieu, sans aucun
mérite de ma part, mais par un effet de sa pure grâce, me donne et
m'impute la parfaite satisfaction de Jésus-Christ, sa justice, et sa
sainteté; tout de même, que si je n'avais jamais péché, et qu'il n'y eût
aucun défaut en moi, mais que j'eusse parfaitement rendu à Dieu cette
obéissance, que Jésus-Christ lui a rendue pour moi; Pourvu que
j'embrasse ses bienfaits par une véritable foi.
61. D. Pourquoi dites-vous, que vous êtes justifié seulement par la foi?
R.
Ce n'est pas, que je sois agréable à Dieu par la dignité de ma foi;
Mais c'est parce que la seule satisfaction de Jésus-Christ, sa justice
et sa sainteté me tiennent lieu de justice devant Dieu, et que je ne
saurais les embrasser, et me les appliquer autrement, que par une vraie
foi.
SECTION 24.
62. D. Pourquoi nos bonnes oeuvres ne peuvent-elles pas être justice devant Dieu, ou du moins en faire partie?
R.
C'est, parce qu'il faut, que la justice, pour qu'elle puisse subsister
devant le jugement de Dieu, soit entièrement parfaite et conforme en
toutes ses parties à la Loi de Dieu: Au lieu, que même les meilleurs
oeuvres, que nous faisons pendant cette vie, sont toutes imparfaites, et
par là souillées de péchés.
63.
D. Comment nos bonnes oeuvres ne méritent-elles rien puisque Dieu veut
les récompenser, et dans cette vie et dans celle qui est à venir?
R. Cette récompense nous est donnée, non pour l'avoir méritée, mais de pure grâce.
64. D. Mais cette doctrine ne jette-t-elle pas les hommes dans la sécurité et dans l'impiété?
R.
Non: car il est impossible, que ceux, qui sont entés en Jésus-Christ
par une vraie foi, ne s'appliquent aux bonnes oeuvres, pour lui marquer
leur reconnaissance.
DES SAINTS SACREMENTS
SECTION 25.
65.
D. Donc puisque c'est la foi seule, qui nous fait avoir part à
Jésus-Christ, et à tous ses bienfaits, dites-moi, d'où nous vient cette
foi?
R. Du Saint Esprit, qui la produit dans nos coeurs,
par la prédication du Saint Évangile: et qui l'affermit par l'usage des
Saints Sacrements.
66. D. Qu'est-ce que les Sacrements?
R.
Ce sont des signes et des sceaux visibles et sacrés; institués de Dieu,
afin que par leur usage il nous fasse mieux entendre, et nous scelle la
promesse de l'Évangile, savoir, qu'en considération de l'unique
sacrifice de Jésus-Christ, une seule fois offert en la croix, il nous
accorde gratuitement le pardon des péchés, et la vie éternelle.
67.
D. La prédication de l'Évangile, et les Sacrements ont-ils donc été
institués, et destinés à cette fin, de conduire notre foi au sacrifice
de Jésus-Christ, fait sur la croix, comme à l'unique fondement de notre
salut?
R. Oui, assurément: Car le Saint Esprit nous apprend
dans l'Évangile, et nous confirme par les Saints Sacrements, que tout
notre salut est fondé sur le seul sacrifice, que Jésus-Christ a offert
pour nous en la croix.
68. D. Combien de Sacrements Jésus-Christ a-t-il institués dans la nouvelle Alliance?
R. Deux, le Saint Baptême et la Sainte Cène.
69. D. Comment est-ce que le Baptême vous apprend et vous assure, que vous avez part à cet unique sacrifice de Jésus-Christ?
R.
C'est que Jésus-Christ a établi le Baptême extérieur de l'eau, en y
ajoutant cette promesse, que par la vertu de son Sang et de son Esprit,
je suis lavé des impuretés de mon âme, c'est-à-dire, de tous mes péchés,
aussi certainement, que je suis lavé extérieurement avec de l'eau, qui
est propre à nettoyer les ordures du corps.
DU SAINT BAPTEME
SECTION 26
70. D. Qu'est-ce qu'être lavé par le Sang et par l'Esprit de Jésus-Christ?
R.
C'est recevoir gratuitement de Dieu la rémission des péchés, à cause du
Sang, que Jésus-Christ a répandu pour nous, dans le sacrifice, qu'il a
offert à Dieu sur la croix; C'est encore être renouvelé et sanctifié par
le Saint Esprit, pour devenir membre de Jésus-Christ, afin de mourir de
plus en plus au péché, et de vivre d'une manière sainte et
irrépréhensible.
71.
D. Où est-ce que Jésus-Christ a promis, qu'il nous laverait par son
Sang et par son Esprit, aussi certainement, que nous sommes lavés par
l'eau du Baptême?
R. Dans l'institution du Baptême, dont voici les termes: Allez
et enseignez toutes les Nations, les baptisant au Nom du Père, du Fils,
et du Saint Esprit; celui, qui aura cru et sera baptisé, sera sauvé,
mais celui, qui n'aura point cru, sera condamné. Cette promesse est
réitérée dans les passages, où l'Écriture Sainte appelle le Baptême le
lavement de la régénération et la purification des péchés.
SECTION 27.
72. D. Le Baptême extérieur de l'eau, est-il donc proprement, ce qui nous lave de nos péchés?
R. Non: Car il n'y a que le Sang de Jésus-Christ et le Saint Esprit, qui nous purifie de tous nos péchés.
73.
D. Pourquoi donc le Saint Esprit appelle-t-il la Baptême, le lavement
de notre régénération, et la purification de nos péchés?
R.
Ce n'est pas sans de bonnes raisons, que Dieu s'exprime ainsi; car il
veut non seulement nous apprendre par là, que, comme les ordures du
corps ne se nettoient qu'avec de l'eau, de même, nos péchés sont expiés
par le Sang, et par l'Esprit de Jésus-Christ; mais c'est surtout pour
nous assurer par ce signe et ce gage sacré, que nous sommes aussi bien
lavés spirituellement de nos péchés; que nous le sommes extérieurement
par l'usage de l'eau.
74. D. Faut-il aussi baptiser les petits enfants?
R.
Oui assurément: Car puisqu'ils appartiennent, aussi bien que les hommes
faits, à l'alliance de Dieu et à son Église; puis aussi que la
rémission des péchés par le Sang de Jésus-Christ, et le Saint Esprit,
qui produit la foi, ne leur sont pas moins promis qu'aux hommes faits;
ils doivent aussi être incorporés à l'Église Chrétienne, par le Baptême,
qui est le signe de l'alliance, et être par là distingués des Enfants
des infidèles: Comme cela se pratiquait sous l'ancienne alliance, par la
Circoncision, au lieu de laquelle le Baptême a été établi sous le
Nouveau Testament.
DE LA SAINTE CENE DE JESUS-CHRIST
SECTION 28.
75.
D. Comment est-ce que la Sainte Cène vous enseigne, et vous assure, que
vous avez part à l'unique Sacrifice, que Jésus-Christ a offert sur la
croix, et à tous ses biens?
R. En ce que Jésus-Christ m'a
commandé, aussi bien qu'à tous les fidèles, de manger de ce pain rompu,
et de boire de cette coupe, en mémoire de lui, en y ajoutant cette
promesse, premièrement, que son corps a été offert et rompu sur la Croix
pour moi, et son Sang répandu pour mes péchés, aussi certainement, que
je vois de mes yeux, que le pain du Seigneur y est rompu pour moi, et
que la coupe m'y est communiquée: Secondement, qu'il veut nourrir mon
âme en vie éternelle, de son Corps crucifié et de son Sang répandu pour
nous; aussi certainement, que je reçois de la main du Ministre, et que
je mange et bois le pain et le vin que me sont donnés, pour être des
signes certains du Corps et du Sang de Jésus-Christ.
76. D. Qu'est-ce que manger le Corps crucifié de Jésus-Christ, et boire son Sang répandu?
R.
C'est non seulement embrasser avec une foi vive, toute la passion et la
mort de Jésus-Christ, et par là obtenir le pardon de nos péchés et la
vie éternelle; Mais c'est aussi être de plus en plus tellement unis au
Corps sacré de Jésus-Christ par le Saint Esprit qui habite en lui et en
nous; qu'encore qu'il soit dans le Ciel et nous sur la Terre, nous ne
laissons pas néanmoins d'être chair de sa chair, et os de ses os, et
d'être animés et conduits par ce seul et même Esprit, comme tous les
membres d'un corps le sont par une seule et même âme.
77.
D. Où est-ce que Jésus-Christ a promis de donner à ceux, qui croient en
lui, son Corps à manger, et son Sang à boire, aussi certainement,
qu'ils mangent de ce pain rompu, et qu'ils boivent de cette coupe?
R.
Dans l'institution de la Cène, dont voici les paroles: Notre Seigneur
Jésus-Christ, la nuit, qu'il fut livré, prit du pain, et après avoir
rendu grâces, il le rompit, et dit: Prenez, mangez, ceci est mon Corps, qui est rompu pour vous, faites ceci en mémoire de moi: De même après avoir soupé, il prit la coupe, et dit: Cette coupe est la nouvelle alliance en mon Sang: toutes les fois que vous en boirez, faites ceci en mémoire de moi:
Ainsi toutes les fois, que vous mangerez de ce pain, et que vous boirez
de cette coupe, vous annoncerez la mort du Seigneur, jusques à ce qu'il
vienne. Cette promesse est aussi rapportée par Saint Paul, quand il
dit: La coupe de Bénédiction, que nous bénissons, n'est-elle pas la
communion du Sang de Jésus-Christ? Le pain que nous rompons, n'est-il
pas la communion du Corps de Jésus-Christ? Car bien que nous soyons
plusieurs, nous ne sommes qu'un seul pain et un seul corps, puisque nous
participons tous à un même pain.
SECTION 29.
78. D. Le pain et le vin sont-il donc réellement changés au corps et au sang de Jésus-Christ?
R.
Non, mais comme dans le Baptême l'eau n'est pas changée au sang de
Jésus-Christ, et qu'elle n'est pas le lavement même de nos péchés, n'en
étant qu'un signe et un gage, établi de Dieu, de même aussi dans la
Cène, le pain sacré n'est point changé au corps de Jésus-Christ, quoique
suivant la nature et l'usage des Sacrements, il soit appelé le corps de
Jésus-Christ.
79.
D. Pourquoi donc Jésus-Christ appelle-t-il le pain son corps, et le vin
son sang, ou la nouvelle alliance par son sang, et pourquoi Saint Paul
appelle-t-il aussi le pain et le vin la communion du corps et du sang de
Jésus-Christ?
R. Ce n'est pas sans de bonnes raisons, que
Jésus-Christ s'exprime de cette manière, car il veut non seulement nous
apprendre par là, que comme le pain et le vin entretiennent la vie de
notre corps, de même aussi son corps crucifié et son sang répandu, sont
véritablement la viande et le breuvage qui nourrissent nos âmes en vie
éternelle: mais c'est surtout pour nous assurer par ces signes et ces
gages visibles, que nous sommes faits participants de son corps et de
son sang, par l'opération du Saint Esprit, aussi véritablement, que nous
recevons par la bouche du corps, ces signes sacrés, en mémoire de lui,
et que sa passion et son obéissance nous appartiennent aussi
certainement, que si nous avions souffert en nos propres personnes les
peines de nos péchés, et satisfait à Dieu pour eux.
SECTION 30.
80. D. Quelle différence y a-t-il entre la Cène du Seigneur, et la Messe des Papistes?
R.
La Cène du Seigneur nous assure, que nous obtenons entièrement le
pardon de tous nos péchés, en vertu de l'unique sacrifice de
Jésus-Christ, qu'il a lui-même accompli une seule fois en la croix; et
aussi que nous sommes unis par le Saint Esprit à Jésus-Christ, qui,
selon sa nature humaine, n'est maintenant que dans le Ciel à la droite
de Dieu son Père, où il veut que nous l'adorions. Mais en la Messe, on
nie, que les vivants et les morts obtiennent le pardon de leurs péchés,
en vertu de la seule passion de Jésus-Christ, à moins qu'il ne soit
encore tous les jours offert pour eux par les Prêtres: On y enseigne
aussi, que Jésus-Christ est corporellement sous les espèces du pain et
du vin, et que par conséquent il doit y être adoré. De sorte que la
Messe dans le fond ne tend qu'à nier l'unité du sacrifice et de la
passion de Jésus-Christ, et n'est qu'une maudite idolâtrie.
81. D. Qui sont ceux, qui doivent s'approcher de la table du Seigneur?
R.
Ce sont uniquement ceux qui sont pénétrés d'un véritable déplaisir de
leurs péchés; mais qui pourtant s'assurent , qu'ils leur sont pardonnés
pour l'amour de Jésus-Christ, et que les infirmités, qui leur restent,
sont couvertes du mérite de sa passion et de sa mort; et qui désirent de
s'avancer de plus en plus dans la foi et dans la sainteté. Mais les
impénitents et les hypocrites, et en général ceux, qui n'ont pas une
véritable repentance, mangent et boivent leur condamnation.
82.
D. Doit-on aussi admettre à la Sainte Cène ceux, qui par leurs paroles
et par leurs actions font connaître, qu'ils sont incrédules et impies?
R.
Point du tout: car ce serait profaner l'alliance de Dieu, et attirer sa
colère sur toute l'assemblée: C'est pourquoi l'Église doit, suivant
l'ordonnance de Jésus-Christ et de ses Apôtres, se servir des Clés du
Royaume des Cieux, pour exclure de la Sainte Cène ceux, qui sont tels,
jusqu'à ce qu'ils se repentent, et qu'ils aient changé de vie.
83. D. Qu'est-ce que les Clés du Royaume des Cieux?
R.
C'est la Prédication de l'Évangile, et la discipline Ecclésiastique;
Par lesquelles on ouvre le Royaume des Cieux à ceux qui croient, et on
le ferme à ceux qui ne croient point.
84. D. Comment est-ce qu'on ouvre ou ferme le Royaume des Cieux par la prédication de l'Évangile?
R.
En ce que, suivant le commandement de Jésus-Christ, on déclare
publiquement à tous les fidèles en général, et à chacun d'eux en
particulier, que tous leurs péchés leur sont pardonnés de Dieu, par le
mérite de Jésus-Christ, toutes les fois qu'ils embrassent par une
véritable foi les promesses de l'Évangile: et au contraire, on déclare
aux incrédules et aux hypocrites, que la colère de Dieu et la
condamnation éternelle repose sur eux, aussi longtemps qu'ils
persévèrent dans leurs péchés. Et c'est suivant ce témoignage de
l'Évangile, que Dieu jugera les uns et les autres, dans cette vie et
dans celle qui est à venir.
85. D. Comment est-ce qu'on ferme et ouvre le Royaume des Cieux par la discipline Ecclésiastique?
R.
C'est lorsqu'il y a des personnes, qui, sous le nom de Chrétiens,
enseignent une doctrine, ou mènent une vie, qui n'est pas Chrétienne; Si
après avoir été plusieurs fois avertis fraternellement, ils ne veulent
pas renoncer à leurs erreurs, ou à leur vie scandaleuse, on les défère,
selon le commandement de Jésus-Christ, à l'Église, ou à ceux qu'elle a
établis pour cela, et s'ils méprisent leurs exhortations, on les exclut
de la communion de l'Église, en leur interdisant l'usage des Sacrements,
et en leur déclarant, que Dieu lui-même les exclut du Royaume de
Jésus-Christ. Que si après cela ils font paraître par des effets un
sérieux amendement, on les reçoit de nouveau comme membres de
Jésus-Christ et de son Église.
Troisième partie: DE LA RECONNAISSANCE
SECTION 32.
86.
D. Puisque nous sommes délivrés de notre misère, sans aucun mérite de
notre part, et de pure grâce, par Jésus-Christ, pourquoi donc
sommes-nous obligés de faire des bonnes oeuvres?
R. C'est
parce que Jésus-Christ, après nous avoir rachetés par son Sang, nous
renouvelle aussi par son Saint Esprit à son image, afin que nous
témoignions à Dieu notre reconnaissance pour ses bienfaits, par toute
notre conduite, et qu'ainsi il soit glorifié par nous. En second lieu,
c'est afin que nous soyons assurés de notre foi, par les fruits qu'elle
produit. Enfin, c'est afin que par l'exemple de notre bonne vie, nos
prochains soient gagnés à Jésus-Christ.
87.
D. Ceux donc, qui, continuant dans leur impiété, et dans leur
ingratitude, ne veulent point se convertir à Dieu, ne peuvent-ils pas
être sauvés?
R. Point du tout: Car l'Écriture déclare, que
ni les paillards, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés,
ni les abominables, ni les larrons, ni les avares, ni les ivrognes, ni
les médisants, ni les ravisseurs, ni d'autres semblables, n'hériteront
point le Royaume de Dieu.
88. D. En combien de parties consiste la véritable repentance et la conversion de l'homme?
R. En deux parties, qui sont de mortifier le vieil homme, et de vivifier le nouveau.
89. D. Qu'est-ce que mortifier le vieil homme?
R. C'est avoir un sensible déplaisir d'avoir offensé Dieu par nos péchés; et les haïr, et les fuir de plus en plus.
90. D. Qu'est-ce que vivifier l'homme nouveau?
R.
C'est ressentir une véritable joie en Dieu par Jésus-Christ, et
s'appliquer sincèrement et de bon coeur, à régler toute sa conduite,
selon la volonté de Dieu, en s'attachant à la pratique de toutes sortes
de bonnes oeuvres.
91. D. Quelles sont les bonnes oeuvres?
R.
Ce sont uniquement celles qui sont faites par une véritable foi, selon
la Loi de Dieu; et qui ne se rapportent qu'à sa gloire: Et non pas
celles que nous inventons, dans la pensée, qu'elles sont bonnes, ou qui
ne sont fondées que sur l'institution des hommes.
DES DIX COMMANDEMENTS DE LA LOI DE DIEU
SECTION 34.
92. D. Quelle est la Loi de Dieu?
R. Lorsque Dieu donna sa Loi aux hommes, il prononça toutes ces paroles.
Je suis l'Éternel ton Dieu, qui t'ai tiré du pays d'Égypte, de la maison de servitude.
I. Tu n'auras point d'autres dieux devant ma face.
II.
Tu ne feras point d'image taillée, ni aucune ressemblance des choses
qui sont là-haut aux cieux, ni ici-bas sur la terre, ni dans les eaux
sous la terre: tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les
serviras point, car je suis l'Éternel ton Dieu, le Dieu fort et jaloux,
qui punis l'iniquité des Pères sur les Enfants, jusqu'à la troisième et
quatrième génération de ceux qui me haïssent, et qui fait miséricorde en
mille générations à ceux qui m'aiment, et qui gardent mes
commandements.
III. Tu ne prendras point le Nom de
l'Éternel ton Dieu en vain; Car l'Éternel ne tiendra point pour innocent
celui qui aura pris son Nom en vain.
IV. Souviens-toi du
jour du repos, pour le sanctifier: Tu travailleras six jours, et tu y
feras toute ton oeuvre, mais le septième jour est le repos de l'Éternel
ton Dieu, tu ne feras aucune oeuvre ce jour-là, ni toi, ni ton fils, ni
ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l'étranger
qui est dans tes portes; Car l'Éternel a fait en six jours les cieux et
la terre, et la mer, et toutes les choses qui y sont, et il s'est
reposé le septième jour; C'est pourquoi l'Éternel a béni le jour du
repos, et l'a sanctifié.
V. Honore ton Père et ta Mère, afin que tes jours soient prolongés sur la terre, que l'Éternel ton Dieu te donne.
VI. Tu ne tueras point.
VII. Tu ne paillarderas point.
VIII. Tu ne déroberas point.
IX. Tu ne diras point de faux témoignages.
X.
Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain: Tu ne convoiteras
point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son
bœuf, ni son âne, ni aucune chose qui soit à ton prochain.
93. D. Comment divise-t-on ces Commandements?
R.
En deux Tables; dont la première nous enseigne en quatre commandements,
comment nous devons nous conduire à l'égard de Dieu: Et la seconde nous
enseigne en six commandements, ce que nous devons faire à l'égard de
notre prochain.
94. D. Qu'est-ce que Dieu ordonne dans le premier commandement?
R.
Qu'autant que j'ai à coeur le salut de mon âme, j'évite et je me garde
soigneusement de toute sorte d'idolâtrie, magie, enchantement,
superstition, et invocation des Saints, ou des autres créatures: Et que
j'apprenne à connaître le seul vrai Dieu, que je mette ma confiance en
lui seul, que je me soumette à lui avec une profonde humilité et une
entière patience, que j'attende de lui seul toutes sortes de biens; et
qu'enfin je l'aime, je le craigne, et je l'honore de tout mon coeur, en
sorte que je renonce plutôt à toutes les créatures, que de faire la
moindre choses contre sa volonté.
95. D. Qu'est-ce que l'idolâtrie?
R.
C'est se faire, ou avoir, au lieu du seul Dieu, ou conjointement avec
ce seul et vrai Dieu, qui s'est fait connaître à nous dans sa parole,
quelque autre chose, en quoi l'on mette sa confiance.
SECTION 35.
96. D. Qu'est-ce que Dieu demande dans le second commandement?
R.
Que nous ne représentions Dieu par aucune image ou figure que ce soit,
et que nous ne le servions d'aucune autre manière, que de celle qu'il
nous a prescrit dans sa parole.
97. D. Ne faut-il donc faire absolument aucune image ou représentation?
R.
On ne doit ni on ne peut représenter Dieu en aucune manière que ce
soit. Et pour ce qui est des créatures, quoi qu'il soit permis de les
représenter, cependant Dieu défend d'en faire des images, ou d'en avoir,
soit pour les servir, ou les honorer elles-mêmes, soit pour prétendre
d'honorer Dieu par elles.
98. D. Mais ne peut-on pas souffrir des images dans les temples pour servir de livres aux ignorants?
R.
Point du tout: Car nous ne devons pas prétendre être plus sages que
Dieu, qui ne veut pas instruire son Église par des images muettes, mais
par la prédication vivante de sa parole.
SECTION 36.
99. D. Quel est le sens du troisième commandement?
R.
Que nous ne déshonorions et ne profanions point le nom de Dieu, ni par
des blasphèmes ou par des parjures, ni même par des jurements inutiles,
et que nous ne nous rendions point coupables de ces crimes horribles, en
nous taisant, ou en les dissimulant; En un mot, que nous n'employions
jamais le sacré nom de Dieu qu'avec un profond respect, afin qu'il soit
purement confessé et invoqué par nous, et qu'ainsi il soit glorifié par
toutes nos paroles et nos actions.
100.
D. Est-ce donc un si grand péché de déshonorer le nom de Dieu par des
jurements, ou par des blasphèmes, que Dieu étend sa colère même sur
ceux, qui ne s'y opposent pas, ou qui ne l'empêchent pas de tout leur
pouvoir?
R. Oui, très assurément: car il n'y a point de
plus grand péché, ou qui offense plus Dieu, que l'outrage qu'on fait à
son saint Nom; c'est pourquoi aussi Dieu a voulu qu'on punit ce crime de
mort.
SECTION 37.
101. D. Mais ne peut-on pas aussi jurer par le Nom de Dieu, sans pécher?
R.
Oui, lorsque le Magistrat le commande, que quelque nécessité l'exige,
pour confirmer la fidélité et la vérité, et cela pour la gloire de Dieu
et le salut du prochain: Car cette manière de jurer est fondée en la
parole de Dieu; C'est pourquoi nous voyons qu'elle a été pratiquée par
les Saints, sous le Vieux et sous le Nouveau Testament.
102. D. Est-il permis de jurer par les Saints, ou par quelque autre Créature?
R.
Non; Car le Serment légitime est une invocation de Dieu, par laquelle
on lui demande, que, comme c'est lui seul, qui connaît les coeurs, il
lui plaise de rendre témoignage à la vérité, et de punir celui qui jure
faussement; or c'est là un honneur qui n'appartient à aucune créature.
SECTION 38.
103. D. Qu'est-ce que Dieu ordonne dans le quatrième commandement?
R.
Premièrement, que le Ministère de l'Évangile soit constamment
entretenu, de même que les Écoles: que je fréquente diligemment les
saintes assemblées, surtout le jour du repos, pour écouter attentivement
la parole de Dieu, participer aux Sacrements, joindre mes prières aux
prières publiques, et contribuer à l'assistance des pauvres, selon mon
pouvoir. Ensuite que tous les jours de ma vie je me repose de mes
mauvaises oeuvres, pour n'apporter aucun obstacle à ce que le Seigneur
fasse son œuvre en moi par son Saint Esprit; Et qu'ainsi je commence dès
cette vie le repos éternel.
SECTION 39.
104. D. Qu'est-ce que Dieu nous commande dans le cinquième commandement?
R.
Que nous rendions à nos Pères et à nos Mères, et à tous nos Supérieurs,
l'honneur, l'amour, et la fidélité que nous leur devons: que nous nous
soumettions à leurs bonnes instructions et corrections, avec une
obéissance convenable, et que nous supportions patiemment les défauts et
les infirmités qu'ils peuvent avoir; considérant toujours, que Dieu
veut se servir d'eux, pour nous conduire et pour nous gouverner.
SECTION 40.
105. D. Qu'est-ce que Dieu demande dans le sixième commandement?
R.
Que je ne nuise à mon prochain, ni par mes pensées, ni par mes paroles,
ni par mes gestes, et moins encore par des actions, soit par moi-même,
soit par quelque autre; que je ne le haïsse point, bien loin de le
blesser, ou de le tuer, mais que je dépouille tout désir de vengeance.
Il me défend aussi de me faire du mal à moi-même, ou de m'exposer sans
nécessité à quelque danger. C'est pourquoi aussi Dieu, afin de prévenir
le meurtre, a mis l'épée en la main du Magistrat.
106. D. Mais il semble que ce commandement ne défend que de tuer?
R.
Oui, mais Dieu, en défendant le meurtre, nous montre, qu'il a en haine
tout ce qui en peut être la source, comme l'envie, la haine, la colère,
et le désir de vengeance, et qu'il regarde tout cela comme un meurtre
caché.
107. D. Mais est-ce assez de ne pas tuer notre prochain de la manière que nous venons de le dire?
R.
Non; car Dieu, nous défendant l'envie, la haine, et la colère, nous
commande d'aimer notre prochain comme nous-mêmes, et d'user envers lui
de toute sorte de patience, de paix, de douceur, de miséricorde, et de
bienveillance; de détourner et d'empêcher, de tout notre pouvoir, le mal
qu'on pourrait lui faire; et même de faire du bien à nos ennemis.
SECTION 41.
108. D. Quel est le sens du septième commandement?
R.
Que Dieu déteste toute sorte d'impureté, et que par conséquent nous
devons les haïr et les avoir en horreur, et au contraire vivre
sobrement, modestement, et chastement, soit dans le saint état du
Mariage, soit hors de cet état.
109. D. Dieu ne défend-il dans ce commandement que l'adultère et semblables infamies?
R.
Comme notre corps et notre âme sont les temples du Saint Esprit, Dieu
veut, que nous les conservions l'un et l'autre pur et saint: C'est
pourquoi il nous défend toute sorte d'impureté, soit dans nos actions,
dans nos gestes, dans nos paroles, soit dans nos pensées; ou dans nos
désirs, et généralement tout ce qui peut nous y porter.
SECTION 42.
110. D. Qu'est-ce que Dieu défend dans le huitième commandement?
R.
Il défend non seulement les larcins et les rapines que le Magistrat
punit; mais sous le nom de larcin, il comprend tous les desseins, et
tous les mauvais moyens, dont on se sert, pour s'emparer du bien
d'autrui, soit à force ouverte, ou sous apparence de justice, comme font
le faux poids, le faux aunage, la fausse mesure, la marchandise
falsifiée, la fausse monnaie, l'usure, ou toute autre manière d'acquérir
du bien, descendu de Dieu. Il défend encore par là toute avarice, et
toute prodigalité, et en général tout mauvais usage des biens que nous
avons reçus de lui.
111. D. Qu'est-ce que Dieu commande ici?
R.
De procurer le bien de mon prochain de tout mon pouvoir; d'agir avec
lui de la même manière que je voudrais qu'on fît avec moi: et de
travailler diligemment et fidèlement, afin de pouvoir aussi assister les
pauvres dans leur nécessité.
SECTION 43.
112. D. Qu'est-ce que Dieu défend dans le neuvième commandement?
R.
Il défend le faux témoignage, la calomnie, la médisance, les injures,
et les jugements téméraires; Il m'ordonne d'éviter avec soin tout
mensonge et toute tromperie, comme tout autant d'oeuvres du Diable, à
moins que je ne veuille m'attirer sa redoutable indignation: Il me
commande encore, que, soit en jugement ou en toute autre occasion,
j'aime constamment la vérité, que je la dise, et que je la confesse
sincèrement, afin que je soutienne l'honneur et la réputation de mon
prochain, et que je l'avance autant qu'il m'est possible.
SECTION 44.
113. D. Qu'est-ce que défend le dixième commandement?
R.
Qu'il ne nous vienne jamais dans le coeur le moindre désir ou la
moindre pensée contraire à aucun commandement de Dieu: mais que nous
ayons toujours une véritable horreur pour toute sorte de péchés, et
qu'au contraire nous prenions plaisir à tout ce qui est juste et bon.
114. D. Mais ceux, qui se sont convertis à Dieu, peuvent-ils parfaitement observer ces commandements?
R.
Non: Car même les plus Saints, tant qu'ils sont en cette vie, n'ont que
de petits commencements de cette obéissance, mais en sorte pourtant
qu'ils commencent à vivre avec une sérieuse application, selon tous les
commandements de Dieu, et non pas seulement selon quelques-uns.
115.
D. Pourquoi donc Dieu veut-il qu'on prêche sa Loi si exactement, et si
sévèrement, s'il n'y a personne qui puisse l'observer parfaitement dans
cette vie?
R. C'est premièrement, afin que pendant toute
notre vie, nous reconnaissions de plus en plus, combien nous sommes
naturellement enclins à faire le mal; et que cela nous porte à
rechercher avec tant plus d'ardeur le pardon de nos péchés, et notre
justice en Jésus-Christ: C'est aussi afin que nous travaillions avec une
attention continuelle, et que nous demandions sans cesse, à Dieu la
grâce de son Saint Esprit, pour être de jour en jour et de plus en plus
renouvelés à son image, jusqu'à ce qu'au sortir de cette vie, nous ayons
le bonheur de parvenir à la perfection, qui nous est proposée.
DE LA PRIERE
SECTION 45.
116. D. Pourquoi la Prière est-elle nécessaire aux Chrétiens?
R.
Parce qu'elle fait la principale partie de la reconnaissance, que Dieu
exige de nous: Et que d'autre côté, Dieu n'accorde sa grâce et son Saint
Esprit, qu'à ceux, qui les demandent par des soupirs sincères et
continuels, et qui lui en rendent grâces.
117. D. Quelles sont les choses nécessaires à la prière, afin qu'elle soit agréable à Dieu, et qu'il veuille l’exaucer?
R.
C'est premièrement, de nous adresser de bon coeur, au seul et vrai
Dieu, qui s'est fait connaître à nous par sa parole, pour lui demander
toutes les choses qu'il veut que nous lui demandions. C'est encore de
nous humilier profondément devant sa Souveraine Majesté, par un vif
sentiment de nos besoins et de notre misère. Enfin, d'être très
persuadés, que, nonobstant notre indignité, il nous exaucera
certainement, pour l'amour de Jésus-Christ, comme il nous l'a promis
dans sa parole.
118. D. Qu'est-ce que Dieu veut que nous lui demandions?
R.
Tout ce qui nous est nécessaire pour le corps et pour l'âme, et que
notre Seigneur Jésus-Christ a renfermé dans la prière, qu'il nous a
lui-même enseignée.
119. D. Quelle est cette Prière?
R. Notre
Père, qui es au Cieux, Ton Nom soit sanctifié: Ton règne vienne: Ta
volonté soit faite sur la Terre comme au Ciel; Donne-nous aujourd'hui
notre pain quotidien: Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à
ceux qui nous ont offensés: Et ne nous induis pas en tentation, mais
délivre nous du malin. Car c'est à toi, qu'appartiennent le règne, la
puissance et la gloire, dans tous les siècles, Amen.
SECTION 46.
120. D. Pourquoi Jésus-Christ nous commande-t-il d'appeler Dieu Notre Père?
R.
C'est pour exciter en nous, dès le commencement même de notre prière,
un respect convenable à des enfants, et une ferme confiance en Dieu,
laquelle doit être le fondement de notre prière; persuadés, que Dieu est
devenu notre Père par Jésus-Christ et qu'il nous refuse beaucoup moins
ce que nous lui demandons avec une véritable foi, que nos Pères ne nous
refusent les choses terriennes.
121. D. Pourquoi ajoute-t-on, Qui es aux Cieux?
R.
Afin que nous ne pensions rien de bas ni de terrien de la Souveraine
Majesté de Dieu; et que nous attendions de sa Toute-Puissance, tout ce
qui nous est nécessaire pour le corps et pour l'âme.
122. D. Quelle est la première demande?
R. Ton Nom soit sanctifié:
C'est-à-dire, fais-nous la grâce premièrement de bien te connaître, de
te louer, de publier et de célébrer ta toute-puissance, ta sagesse, ta
bonté, ta justice, ta miséricorde, et ta vérité, qui brillent dans
toutes tes oeuvres. Donne-nous aussi de régler tellement nos pensées,
nos paroles et nos actions, en un mot, toute notre conduite, que ton
saint Nom ne soit pas déshonoré à cause de nous, mais que plutôt il soit
loué et glorifié.
SECTION 48.
123. D. Quelle est la seconde demande?
R. Ton règne vienne:
C'est-à-dire, conduis-nous tellement par ta parole et par ton Esprit,
que nous nous soumettions de plus en plus à toi: conserve et augmente
ton Église; Détruis les oeuvres du Diable, et toutes Puissances qui
s'élèvent contre ta Majesté; renverse tous les complots qu'on forme
contre ta parole, jusqu'à ce qu'enfin tu règnes pleinement et
parfaitement, lorsque tu feras tout en tous.
SECTION 49.
124. D. Quelle est la troisième demande?
R. Ta volonté soit faite sur la Terre comme au Ciel;
C'est-à-dire; Fais-nous la grâce à nous et à tous les autres hommes, de
renoncer à notre propre volonté, et de nous soumettre promptement et
sans murmure à la tienne, qui seule est bonne et sainte: Et qu'ainsi
chacun dans sa vocation s'acquitte de son devoir, avec la même
promptitude et la même fidélité, que les Anges le sont dans le Ciel.
SECTION 50.
125. D. Quelle est la quatrième demande?
R. Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien;
C'est-à-dire, Veuille nous pourvoir de tout ce qui nous est nécessaire
pour le corps; afin que nous reconnaissions par là, que tu es la seule
source de tout bien, et que ni nos soins, ni notre travail, ni même tes
dons, ne nous sauraient profiter sans ta bénédiction: et qu'ainsi nous
détournions notre confiance de toutes les créatures, pour ne la mettre
qu'en toi.
SECTION 51.
126. D. Quelle est la cinquième demande?
R. Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés;
C'est-à-dire; Ne nous impute point à nous pauvres pécheurs, aucun des
péchés que nous avons commis, non plus que cette corruption, qui est
encore en nous; mais veuille-nous les pardonner, à cause du sang de
Jésus-Christ, comme aussi nous sentons dans nos coeurs ce témoignage de
ta grâce, que nous sommes constamment disposés à pardonner de bon coeur à
notre prochain.
SECTION 52.
127. D. Quelle est la sixième demande?
R. Ne nous induis pas en tentation, mais délivre nous de malin;
C'est-à-dire; Puisque de nous-mêmes nous sommes si faibles, que nous ne
saurions subsister un moment; et que de plus Satan, le monde et notre
propre chair, qui sont nos ennemis mortels, nous font la guerre sans
relâche; veuille, ô Dieu, nous soutenir, et nous fortifier par la vertu
de ton Saint Esprit, afin que nous ne succombions pas dans ce combat
spirituel, mais que nous leur résistions toujours courageusement,
jusqu'à ce qu'enfin nous remportions une entière victoire.
128. D. Quelle est la Conclusion de cette Prière?
R. Car c'est à toi qu'appartiennent le règne, la puissance, et la gloire dans tous les siècles;
C'est-à-dire; Nous te demandons toutes ces choses, parce que étant
notre Roi, et étant tout-puissant, tu veux et tu peux nous les accorder;
et c'est afin que toute la gloire en revienne, non point à nous, mais à
ton saint Nom.
129. D. Que signifie le mot Amen?
R.
Il signifie, cela est vrai et assuré; en effet, il est beaucoup plus
sûr, que ma Prière est exaucée de Dieu, qu'il ne l'est, que je sens dans
mon coeur le désir que j'en ai.
Fin.
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