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La Liturgie du Baptême,
Ou la Manière de l’Administrer.


Il faut présenter les Enfants pour les baptiser les Dimanches ou les autres jours d’exercice, afin que comme le Baptême est une réception solennelle dans l’Église, on l’administre en présence de l’Assemblée.

Lorsqu’on présente l’Enfant, le Ministre dit ce qui suit :

Notre aide soit au Nom de Dieu, Amen.

Présentez-vous cet Enfant pour être baptisé ?

Ceux qui le présentent, répondent,
Oui.

Notre Seigneur nous fait connaître en quelle misère nous naissons tous, quand il nous dit qu’il nous faut renaître. Car s’il est vrai que notre nature ait besoin d’être renouvelée, afin que nous puissions entre au Royaume de Dieu, c’est une preuve bien évidente qu’elle est tout à fait corrompue et maudite. Dieu donc nous avertit par là de nous humilier et de nous déplaire en nous-même, et nous dispose ainsi à désirer et à rechercher sa grâce : afin que, par elle, toute la corruption et toute la malédiction de notre première nature soit abolie. Car nous ne sommes pas capables de recevoir cette grâce, si nous ne renonçons à toute confiance en notre vertu, en notre sagesse et en notre justice, jusques à condamner tout ce qui est en nous.

Or quand notre Seigneur nous a ainsi représenté notre malheur, il nous console en même temps par sa miséricorde, en nous promettant de nous régénérer par son Saint Esprit, et de former en nous une vie nouvelle, qui nous fait comme une entrée dans son Royaume. Cette régénération consiste en deux parties. La première, que nous renoncions à nous-mêmes, pour ne suivre plus notre raison, et notre volonté ; mais que nous soumettions entièrement nos entendements et nos cÅ“urs à la sagesse et à la justice de Dieu ; et qu’en général, nous mortifions tout ce qui est de nous et de notre chair. La seconde partie de notre régénération est, que nous suivions la lumière de Dieu, pour acquiescer et pour obéir à son bon plaisir, comme il nous y exhorte par sa Parole, et nous y conduit par son Esprit. L’accomplissement de l’une et de l’autre est en notre Seigneur JESUS, de qui la mort et la passion ont une telle efficace, qu’en y participant nous sommes comme ensevelis au péché, afin que les convoitises de notre chair soient mortifiées ; comme aussi, par la vertu de sa résurrection, nous ressuscitions en une nouvelle vie, qui est de Dieu ; en tant que son Esprit nous conduit et nous gouverne, pour faire en nous les Å“uvres qui lui sont agréables. Toutefois, le premier et le principal point de notre salut, c’est que par sa miséricorde il nous pardonne toutes nos fautes, afin qu’elles ne nous soient pas imputées dans son Jugement. Toutes ces grâces nous sont données, quand il lui plaît de nous incorporer à son Église par la Baptême : car dans ce Sacrement, il nous assure de la rémission de nos péchés, et c’est pour cela que notre Seigneur y a institué le signe de l’Eau, pour nous représenter que, comme les ordures du corps sont nettoyés par ce élément, il veut aussi laver et purifier nos âmes, afin qu’il n’y paraisse plus aucune tache ; il nous y représente encore notre renouvellement , qui consiste, comme nous l’avons dit, dans la mortification de notre chair, et dans la vie spirituelle que le Seigneur produit en nous.

Ainsi, dans le Baptême, nous recevons une double grâce de notre Dieu, pourvu que nous n’anéantissions pas la vertu de ce Sacrement par notre ingratitude. Premièrement, nous y avons un témoignage certain, que Dieu veut nous être un Père propice, et nous pardonner toutes nos fautes et nos offenses. Secondement, qu’il nous assistera par son Saint Esprit, afin que nous puissions combattre le Diable, le péché, et les convoitises de notre chair, et en remporter la victoire, pour vivre dans la liberté de son Règne, qui est le Règne de la justice. Puis donc que c’est la grâce de JESUS-CHRIST qui accomplit ces deux choses en nous, il s’ensuit que la substance et la vertu du Baptême sont aussi comprises en lui. En effet, nous n’avons point de purification qu’en son sang, ni de renouvellement qu’en sa mort et en sa résurrection. Mais comme Dieu nous communique ses richesses et ses bénédictions, par sa Parole, aussi il nous les distribue par ses Sacrements.

Or notre Dieu ne se contentant pas de nous avoir adoptés, et de nous avoir reçus dans la communion de son Église, a voulu étendre encore davantage sa bonté sur nous, en nous promettant qu’il sera notre Dieu, et le Dieu de notre postérité, jusqu’en mille générations. C’est pourquoi, bien que les Enfants des fidèles soient de la race corrompue d’Adam, il ne laisse pas pourtant, en vertu de cette Alliance, de les accepter et de les avouer pour siens. C’est pour cela aussi que, dès le commencement, il voulut que les Enfants reçussent dans son Église le signe de la Circoncision, par lequel il représentait alors tout ce qui nous est marqué aujourd’hui par le Baptême. Et comme Dieu commandait que les Enfants fussent circoncis, aussi les reconnaissait-il pour ses Enfants, et se disait leur Dieu, comme il était le Dieu de leurs Pères.

Maintenant JESUS-CHRIST est descendu sur la Terre, non pour restreindre la grâce de Dieu son Père, mais pour répandre par tout le Monde l’Alliance du Salut, qui auparavant était renfermés dans la seule Nation des Juifs, nous ne devons pas douter que nos Enfants ne soient héritiers de la vie qu’il nous promise. C’est ce qui fait dire à Saint Paul, que les Enfants des Fidèles sont saints, pour les distinguer des Enfants des Païens et des Infidèles. C’est pour cela même que notre Seigneur JESUS-CHRIST reçut autrefois les Enfants qu’on lui présentait, comme cela est écrit au XIX Chapitre de Saint Matthieu. Alors on lui présenta de petits Enfants, afin qu’il leur imposât les mains, et qu’il priât pour eux ; mais les Disciples reprenaient ceux qui les lui présentaient, et JESUS dit à ses Disciples : Laissez venir à moi les petits Enfants, et ne les en empêchez pas, car à eux est le Royaume des Cieux.

Puisque JESUS-CHRIST a déclaré que le Royaume des Cieux appartient au petits Enfants, qu’il leur a imposé les mains, et les a recommandés à Dieu son Père, il nous apprend assez que nous ne devons pas les exclure de son Église. Conformément donc à cette règle, nous recevons cet Enfant dans l’Église de Dieu, afin qu’il soit participant des biens que le Seigneur a promis à ses Fidèles. Et premièrement, nous le lui présenterons par notre prière, en disant tous d’un même cÅ“ur et avec humilié.

SEIGNEUR Dieu, Père éternel et tout-puissant, puisqu’il t’a plu, par ta clémence infinie, de nous promettre que tu seras notre Dieu, et le Dieu de nos Enfants, nous te prions qu’il te plaise de confirmer cette grâce en l’Enfant présent, engendré de Père et de Mère que tu as appelés dans ton Église. Comme il t’est offert et consacré par nous, veuille le recevoir en ta sainte protection, et te déclarer son Dieu et son Sauveur, en lui remettant le péché originel, dont toute la postérité d’Adam est coupable, et en le sanctifiant par ton Esprit ; afin que, lorsqu’il sera en âge de discrétion il te reconnaisse et t’adore comme son seul Dieu, et qu’il te glorifie da s tout le cours de sa vie, pour obtenir toujours de toi la rémission de ses péchés. Et afin qu’il puisse obtenir ces grâces, veuille l’incorporer dans la communion de notre Seigneur JESUS, pour avoir part à tous ses biens , comme l’un des membres de son Corps. Exauce-nous, Père de miséricorde, afin que le Baptême que nous lui administrons selon ton ordonnance, produise son fruit et sa vertu, comme tu nous l’as déclaré dans ton Évangile.

Notre Père, qui es aux Cieux. Ton Nom soit sanctifié. Ton Règne vienne. Ta Volonté soit faite en la Terre, comme au Ciel. Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien. Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Et ne nous induis point en tentation, mais délivre-nous du Malin. Car à toi est le Règne, la Puissance, et la Gloire, aux siècles des siècles, Amen.

Puisqu’il s’agit de recevoir cet Enfant dans la société de l’Église Chrétienne, vous promettez que, lorsqu’il viendra à l’âge de discrétion, vous l’instruirez dans la Doctrine qui est reçue par le Peuple de Dieu, comme elle est comprise, en abrégé, dans la Confession de Foi que nous faisons tous : Je Crois en Dieu, etc.. Vous promettez donc de prendre soin de l’instruire en toute cette Doctrine, et généralement en tout ce qui est contenu dans la Sainte Écriture de l’Ancien et du Nouveau Testament ; afin qu’il la reçoive comme la Parole de Dieu, qui est certaine et qui vient du Ciel. Vous l’exhorterez aussi à vivre selon la règle que notre Seigneur nous a donnée dans sa Loi, et dont nous avons le sommaire en ces deux points : Que nous aimions Dieu, de tout notre cÅ“ur et de toutes nos forces ; et notre prochain comme nous-mêmes. A quoi vous ajouterez les avertissements, que le Seigneur nous a adressés par ses Prophètes et par ses Apôtres ; afin que cet Enfant, renonçant à soi-même et à ses propres convoitises, se dédie et se consacre à glorifier le Nom de Dieu, et de JESUS-CHRIST, et à édifier ses prochains. N’est-ce pas ce que vous promettez ?

Ceux qui présentent l’Enfant répondent, Oui. Et après cette promesse on impose le nom à l’Enfant, et alors le Ministre le baptise disant :

N. N. Je te baptise au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.